En grève depuis deux semaines, les travailleurs de Van Hool réclament une part équitable du gâteau

Ne pas se contenter des miettes. C’est ce qui a poussé les travailleurs de l’entreprise Van Hool à mettre leur usine à l’arrêt le 12 février dernier. Loin de se contenter de ce que le gouvernement et le patronat offrent, alors que les entreprises encaissent des bénéfices , ils mènent depuis deux semaines une grève offensive pour pour une augmentation de 1 euro de l’heure.

Cette grève offensive pour un plus grand pouvoir d’achat s’appuie sur une revendication précise : une augmentation de 1 euro de l’heure, ce qui correspond à une hausse salariale de près de 6 %. Bien plus que les miettes proposées par le gouvernement et le patronat.

La misérable revalorisation salariale de 0,8 % proposée initialement par le gouvernement et le patronat « sous certaines conditions » a mis tout le pays en colère. La lutte menée au niveau national contre la diminution du pouvoir d’achat a d’ailleurs débouché sur une grève générale réussie. Et les quelques miettes que le ministre Peeters veut maintenant ajouter pour arriver à 1,1 % ne suffiront pas à calmer les travailleurs.

C’est pourquoi la grève offensive des travailleurs de Van Hool pour un plus grand pouvoir d’achat, avec sa revendication précise, est inspirante : une augmentation de 1 euro de l’heure, ce qui correspond en réalité à une hausse salariale de près de 6 %.

S’organiser pour durer

Au cours de la première semaine de grève, l’usine était à l’arrêt complet. Tous les travailleurs étaient en grève, avec une production totalement paralysée. Un coup dur pour les actionnaires. Les commandes de bus et semi-remorques qui y sont construits n’ont pas été honorées, et les pièces détachées que l’usine belge fabrique pour la Macédoine n’ont pas été livrées.

Dès le début de la seconde semaine de grève, les syndicats ont organisé des réunions du personnel. C’est au cours de ces réunions qu’il a été décidé de passer aux grèves tournantes. Chaque jour, un cinquième de l’usine est à l’arrêt, avec des répercussions importantes sur la production qui s’en trouve fortement ralentie. Pour les travailleurs, la différence sur le plan financier est énorme, puisqu’ils ne font grève qu’un jour par semaine. Une formule qui permet de poursuivre la grève dans le temps, avec une participation des travailleurs supérieure à 80 %.

Sur les réseaux sociaux, les messages de soutien et de solidarité de la part des délégations syndicales du secteur métal affluent. De son côté, le patronat suit attentivement les négociations. Les syndicats espèrent au contraire que la grève chez Van Hool débouchera sur un accord satisfaisant.

En effet, une victoire des travailleurs de Van Hool redonnera espoir à des milliers de métallurgistes et travailleurs d’autres secteurs, comme c’est le cas pour les métallurgistes aux Pays-Bas qui viennent d’obtenir une hausse salariale de 9,3 % pour les 11 prochains mois.

Une augmentation d’un euro de l’heure pour tous est-elle réalisable ?

Augmenter les salaires d’un euro de l’heure coûterait à Van Hool à peu près 5,5 millions d’euros. Cette année, l’entreprise a reçu un cadeau d’au moins 6,7 millions d’euros grâce au tax shift, aux subventions salariales et au saut d’index. Comme ça, servi sur un plateau.

Puisque ce sont les les travailleurs qui, chaque jour, produisent les tonnes de bus, semi-remorques et pièces détachées qui font la richesse de l’entreprise, il serait logique que cette richesse leur soit redistribuées.

Il faut également savoir que Van Hool a mis de côté 47 millions de dollars pour ouvrir une nouvelle usine aux États-Unis. Mais, pour les travailleurs, il n’y aurait pas d’argent.

Le bilan de l’entreprise nous apprend en outre qu’en plus des généreux dividendes et salaires faramineux versés aux actionnaires et administrateurs, l’entreprise s’est constitué une réserve de près de 176,5 millions d’euros. Alors que certains n’ont aucun souci à se faire concernant leur salaire, d’autres se tuent au travail pour pouvoir tenir le coup jusqu’à la fin du mois.

« Je gagne 15,2 euros de l’heure et je n’arrive pas à joindre les deux bouts, explique ainsi un travailleur de Van Hool. Mon loyer augmente, le plein de diesel pour mes déplacements quotidiens augmente… et en plus je dois prendre des médicaments pour mes maux de dos, parce que le boulot à Van Hool est vraiment pénible. »

Le salaire horaire chez Van Hool n’est en effet pas particulièrement haut pour une grande usine de ce secteur. Chez Audi, par exemple, un travailleur peut gagner plus de 18 euros de l’heure.

Il est donc grand temps de réclamer plus de justice et des salaires équitables.

Poursuite de la grève

La visite des souverains Philipe et Mathilde dans l’usine du constructeur de bus Van Hool à Koningshooikt a été reportée en raison des grèves tournantes. Après les répercussions sur le plan économique, c’est là un nouveau coup dur pour les actionnaires.

Les grèves tournantes sont planifiées jusque fin mars. Les délégués peuvent compter sur le soutien de leur base et sur la solidarité des travailleurs d’autres entreprises et secteurs. Avec un plan d’action solide sous le bras et une quantité de moyens d’action en poche, le rapport de force peut encore évoluer au cours des prochains jours et prochaines semaines. À suivre.