Mauvaise gestion au SPF Sécurité sociale : les travailleurs impuissants, les personnes handicapées négligées

Le nouveau système informatique de la Direction générale Personnes handicapées (DGPH) tourne tellement mal que plus aucune demande ne peut être traitée. Pour le personnel et bien évidemment pour les personnes handicapées, la situation est intenable. La secrétaire d’État Zuhal Demir (N-VA) en charge de ce service et celle qui l’a précédée à ce poste sont sous le feu des critiques.

Twistappel. C’est le nom du nouveau système informatique en usage depuis le 20 janvier. Et qui ne fonctionne pas bien du tout. « L’autorité a fait appel à une société privée pour installer ce programme. Mais celui-ci n’est pas adapté à l’exécution des tâches du personnel », précise Pascal Jacobs, président du sous-secteur régional de la Sécurité sociale. Les employés doivent ainsi réencoder manuellement plus de 2 millions de numéros de compte des ayants-droit et transférer les données de l’ancien système.

« Les personnes handicapées doivent dorénavant introduire leur demande d’allocation de manière électronique et non plus sur papier, explique Kim Verberck, infirmière sociale à Médecine pour le Peuple à Deurne. On demande aux médecins d’envoyer le dossier médical. Sur base de celui-ci et de ce que le patient peut encore exercer comme activités dans la vie quotidienne, le médecin du SPF Affaires sociales attribue un certain nombre de points qui déterminent à quelle intervention les personnes ont droit. Mais, à cause de ces problèmes informatiques, plus aucune demande ne peut être introduite et donc, forcément, plus aucune décision n’est prise. »

Se retrouver sans rien

En d’autres termes, cela fait des semaines que des gens attendent que l’on donne suite à leur dossier. « Concrètement, cela veut dire que certaines personnes ne reçoivent plus aucune allocation, poursuit Kim Verberck. Prenons une personne handicapée qui vient d’avoir 21 ans. Dès son 21e anniversaire, il ne reçoit plus d’allocations familiales et doit demander un revenu de remplacement. Il va donc se retrouver sans rien, puisqu’aucune demande ne peut plus être introduite. »

Il y a aussi le cas des gens qui attendent une carte de stationnement pour leur problème de mobilité. « Cela peut paraître un détail, mais, quand on est handicapé et que l’on n’a pas de carte de stationnement spécifique, cela peut vraiment vous rendre  la vie bien plus compliquée », observe Kim Verberck.

Le téléphone sonne en continu

Cela fait déjà un bon moment que le syndicat a tiré la sonnette d’alarme. Depuis début février, l’administration ne répond plus au téléphone. Pour le personnel, l’autorité ne remplit pas son devoir en ne donnant pas aux employés un outil informatique fonctionnel et utilisable, qui soit au moins aussi efficace que celui utilisé auparavant. D’après ces mêmes membres du personnel, la situation est maintenant particulièrement déplorable, puisque des personnes handicapées sont dans l’attente pour enfin obtenir leur allocation. Ces personnes sont les victimes d’une gestion désastreuse. Pour protester contre cette situation, les employés ont, pour une première fois, arrêté le travail le mardi 22 février.

« Pour le personnel, c’est un acte de protestation et aussi de solidarité avec les personnes handicapées. Et Médecine pour le Peuple soutient totalement cela », souligne Kim Verberck.

« Négligence, incompétence et même pire »

Les mutuelles ont également la nouvelle secrétaire d’État Zuhal Demir dans leur viseur. C’est en effet elle qui a en charge ce domaine, et elles lui demandent instamment de « s’engager d’urgence et clairement » à résoudre la situation.

« La négligence, l’incompétence et même pire de la secrétaire d’État N-VA Zuhal Demir et de celle qui l’a précédée mettent 600 000 personnes handicapées dans le pétrin », écrit le Dr Dirk Van Duppen de Médecine pour le Peuple sur sa page Facebook. Il évoque « l’achat d’un nouveau système informatique au coût exorbitant mais tout à fait impraticable, la régionalisation des services, une restructuration interne avec plus d’"autonomie des agents" – lisez : débrouillez-vous –, ce qui dans la pratique signifie une gigantesque inefficacité au lieu d’une collaboration et d’un planning rationnel ».