Coronavirus : 240 000 signatures en quelques jours pour protéger les salaires des travailleurs allemands

1 800 signatures par heure ! Lancée le 20 mars, la pétition de Ver.di (syndicat allemand des services) pour que l’allocation de chômage temporaire soit rehaussée à 90 % du salaire, a connu un succès fulgurant.

Pour le syndicat Ver.di, cette crise du coronavirus va se transformer en une crise économique pour des millions de travailleurs qui voient leurs revenus diminuer drastiquement. On estime par exemple que plus de 2,2 millions d’entre eux vont être en chômage temporaire en Allemagne. Pourtant, les factures, elles, ne diminuent quasiment pas, voire pas du tout. Payer le loyer, le crédit ou encore faire les courses avec 60 % ou 67 % (si on a des enfants à charge) du dernier salaire, c’est quasi impossible.

Les calculs sont vite faits. Un intérimaire à l’aéroport de Francfort gagnait 1650 euros brut (1223,73 net) avant la crise. Son allocation de chômage temporaire est de 819,75 euros. Si cette allocation était de 90 % de son salaire net, il aurait 1101,35 euros net. Pas étonnant donc que les travailleurs adhèrent à cette proposition.

C’est particulièrement vrai pour les travailleurs qui ont déjà des petits salaires et donc de la peine à joindre les deux bouts en temps normal. Ainsi, un steward d’une compagnie aérienne low cost ne gagnerait plus que 700 € avec le chômage temporaire. Et pour un travailleur de l’Horeca, comment survivre avec les 850 € du chômage temporaire ? C’est pourquoi ver.di demande que le chômage soit revalorisé à 90% du salaire net durant la crise du coronavirus.

La question que pose le syndicat dans sa pétition est simple : qui, au final, paiera la crise ? La réponse est claire : les gens doivent passer avant les profits. Et les travailleurs ne doivent pas payer cette crise.

La question que pose le syndicat dans sa pétition est simple : qui, au final, paiera la crise ?

En une semaine, la pétition du syndicat a obtenu plus de 240 000 signatures. Le 27 mars, la pétition a été déposée au gouvernement allemand. Celui-ci n’a pas accepté d’augmenter les indemnités de chômage des travailleurs. Le syndicat ne baisse pas les bras pour autant. Il appelle les travailleurs à se battre dans les secteurs et les entreprises. Le but : obtenir des compléments de chômage afin que les travailleurs aient suffisamment de revenus que pour vivre décemment. Et ça marche. L’entreprise Fielmann qui détient près de 800 magasins d’opticiens en Allemagne a complété les indemnités de chômage jusqu’à 100% du salaire net. Ver.di vient aussi de signer une Convention Collective de Travail (CCT) avec les entreprises de cinéma et télévision pour que les travailleurs continuent de percevoir 90% de leur salaire pendant la crise. Les magasins Primark et H&M ont décidé de compléter les indemnités de chômage jusqu’à 90 % du salaire net. Même chose dans une partie de l’Horeca.

Cet argent, c’est le nôtre

« Ces indemnités complémentaires de chômage ne sont pas de la charité de la part des employeurs », explique Freddy Adjan, un des leaders du syndicat de l’alimentation et de la restauration. « Les employeurs peuvent désormais être exemptés du paiement des cotisations de sécurité sociale pour une durée allant jusqu’à 12 mois en cas de chômage temporaire. C’est entièrement financé par l’Etat et donc par nos impôts. Ces cotisations sociales appartiennent aux salariés. Les employeurs ont le devoir de permettre aux travailleurs de traverser cette crise ».

Partout en Allemagne, les travailleurs s’organisent afin que le Gouvernement mette en place des mesures de protection pour les travailleurs et que les entreprises contribuent financièrement à traverser cette crise. Puisqu’elles ont profité pendant des années des richesses produites par les travailleurs, il est normal qu’elles retournent maintenant une partie de ces richesses à ceux qui les ont produites.