Les travailleurs de la chimie veulent plus de salaire malgré la pression des patrons du secteur

Le 18 avril, les syndicats de la chimie seront en action. Pour réagir au pesant cahier de revendications de Essenscia, la fédération patronale des entreprises de la chimie. Les entreprises demandent plus de flexibilité encore et veulent bloquer toute discussion à propos d'une véritable augmentation du pouvoir d'achat. Les syndicats entendent mettre la pression afin de conclure une bonne CCT sectorielle.

Dans le secteur de la chimie, les travailleurs et leurs syndicats parviennent généralement à arracher des augmentations salariales plus élevées que la norme salariale. C'est logique car, dans le secteur, les profits et les dividendes ne cessent d'augmenter. En 2015, pour la sixième année consécutive, le chiffre d'affaire atteignait un nouveau record. Comme les années précédentes, plus de 60 % des bénéfices étaient versés en dividendes.

Ces résultats sont le résultat du savoir-faire des travailleurs ainsi que de la flexibilité et la productivité toujours plus élevées. Dans les grandes entreprises, on travaille en continu : sept jours par semaine, 365 jours par an et en alternance avec des équipes le matin, l'après-midi et la nuit. Cela a des conséquences sur la santé et la vie sociale des plus de 88 000 travailleurs du secteur qui font en sorte que ces entreprises tournent nuit et jour. Quotidiennement, ils remarquent à quel point l'on extrait de plus en plus de bénéfices de leur travail.

Tout pour les actionnaires, rien pour les travailleurs

Malgré les différents cadeaux fiscaux et les réductions de cotisations patronales que leur a accordé le gouvernement, les entreprises désirent toujours plus de bénéfices plantureux. À la demande des patrons, le gouvernement a donc adapté la loi de formation des salaires et a mis un terme aux négociations salariales libres. La loi a été modifiée le 9 mars dernier au Parlement, par le MR, la N-VA, le CD&V et l'Open VLD, avec le soutien du Vlaams Belang. Même dans les entreprises où les bénéfices sont très élevés, le lobby des employeurs entend que plus rien n'aille du côté des ouvriers et employés, mais que tout se mue en bonus et dividendes pour les actionnaires. 

Les employeurs demandent donc aux travailleurs qu'ils laissent tomber toute revendication concernant leur pouvoir d'achat. Plus fort encore : si de meilleurs arrangements sont conclus au niveau d’une entreprise du secteur, les travailleurs des entreprises non concernées par cette convention collective de travail seront sanctionnés, de sorte qu'ils ne recevront plus la moindre augmentation salariale. Et ce, alors qu'ils voient à quel point le cours de la production et des dividendes atteignent des sommets.

Le 30 mars, Essenscia a même adressé une lettre au Groupe des Dix (organe de concertation national, au Premier ministre et au ministre de l’Emploi CD&V, Kris Peeters. Elles y demandaient l'aide du gouvernement afin de contrer les travailleurs et leurs revendications salariales : « Les entreprises de notre secteur risquent d'être confrontées dans la période qui vient à une situation dans laquelle elles devront opter entre soit des dommages économiques en raison d’actions et/ou de grèves syndicales, soit le dépassement de la marge maximale, avec un risque de durcissement des sanctions suite à l’adaptation de la loi sur la compétitivité. »

18 avril : action en faveur d'un accord sectoriel sérieux

Vu l'arrogance des CEO de la chimie, les négociations entre syndicats et employeurs du secteur sont dans l'impasse totale. Le mardi 18 avril, les syndicats entreront donc dans une première action contre cette attitude et pour obtenir un accord sectoriel sérieux. Ils comptent arriver à un texte cadre pour l’ensemble du secteur, texte qui rendra possible la poursuite des négociations au niveau de l'entreprise et ce, sans la clause d'amende, sans extension de la flexibilité déjà bien trop grande et avec une amélioration inconditionnelle du pouvoir d'achat pour tout le monde.