SNCB : « Les grèves s’arrêteraient tout de suite si Madame Galant mettait fin à la libéralisation du secteur et investissait dans le rail »

Beaucoup de perturbations sur le rail aujourd’hui. Beaucoup de gens en ont marre. Marre des désagréments comme aujourd’hui, marre des retards et autres trains bondés ou supprimés. Ils ne sont pas les seuls en avoir marre. Les cheminots aussi.

Les cheminots sont en colère contre le démantèlement en cours de la société publique de chemins de fer. Ils sont en colère car on les empêche de fournir un service de qualité à la population. Et ils sont en colère contre les tentatives de museler par tous les moyens l’expression de la contestation et le débat sur les alternatives.

Les cheminots sont en colère car on les empêche de fournir un service de qualité à la population

Si le gouvernement était réellement soucieux des voyageurs et de l’avenir de la SNCB, une toute autre voie serait à prendre. « Si Madame Galant déclare demain qu’elle arrête de libéraliser le secteur du rail et qu’elle investit dans le secteur public, les mouvements sociaux s’arrêteront tout de suite. Les gens ne font pas grève pour le plaisir, ils voient que l’on détricote le service public », déclarait à ce propos Raoul Hedebouw, député fédéral.

Depuis plusieurs années, les gouvernements successifs ont poussé la SNCB dans une situation de tension toujours plus forte. Le personnel a baissé de plus de 15 % en 10 ans et le nombre de voyageurs a augmenté de plus de 25 %. La SNCB a été complètement désorganisée par le gouvernement précédent pour préparer la libéralisation du secteur. Cette logique de toujours plus avec moins devient intenable pour les voyageurs. Cette situation est également intenable pour un personnel mis un sous pression et qui ne parvient plus à offrir le service qu’il voudrait aux voyageurs.

Le gouvernement actuel, plutôt que de changer de cap, approfondit de vielles recettes libérales. Il a décidé d’économiser encore 3 milliards sur la SNCB, diminuer le personnel ainsi que revoir la politique d’investissement et la politique tarifaire. Partout en Europe, ces politiques ont montré leur échec : moins de services avec la suppression de lignes ou de trains, plus de retards, des coûts plus élevés pour la collectivité, des tarifs en hausse, et la qualité en baisse, une pollution plus importante, plus d’accidents, un personnel plus stressé et moins bien payé...

Partout en Europe, ces politiques ont montré leur échec

Pourtant un changement de cap est urgemment nécessaire. Nécessaire pour assurer le droit à la mobilité de tous et nécessaire pour assurer une planète plus verte demain. Comme le dit Michaël Verbauwhede, député bruxellois du PTB et auteur d’une étude récente sur la SNCB : « la mobilité est un enjeu social et écologique majeur du 21ième siècle. »

Droits démocratiques en danger...

Plutôt que de mener ouvertement le débat sur la mobilité et l’avenir de la SNCB, le gouvernement tente de faire d’une pierre trois coups avec des attaques répétées contre le droit de grève.

A travers ce débat sur les grèves, il tente d’évacuer le débat sur sa politique inefficace, antisociale et anti-écologique vis-à-vis de la SNCB.

Il tente également de monter la population contre les cheminots qui veulent « sauver nos trains » comme l’explique une récente campagne syndicale.

Et finalement, il tente de briser un nœud important du syndicalisme en Belgique. A l’image de ce que l’ancienne 1ère ministre britannique, Margaret Thatcher avait fait en brisant le syndicat des mineurs.

La dernière proposition de loi de la N-VA en est encore un récent exemple. Le parti nationaliste veut que la SNCB ne puissent tourner à moins de 60 % en cas de grève. Pour cela, la majorité du personnel devrait être réquisitionné. En cas de refus de réquisition, des peines de prison pourraient être données contre les cheminots grévistes.

« La première loi à respecter est celle des services publics. »

Ce climat de menace et d’intimidation est utilisé aussi par la direction de la SNCB pour aller à la confrontation juridique avec les organisation syndicales. C’est ainsi qu’elle a « commandé » en extrême urgence une ordonnance pour limiter la portée de la grève dans laquelle on peut lire que « le contexte de grèves politiques » a joué un rôle dans la décision du juge. Il motive donc son choix de limiter la portée d’une grève en partie pour des motifs politiques. Il s’agit là d’un grave précédent et d’une menace évidente pour les droits démocratiques syndicaux et pour la liberté d’expression. 

Cette situation est particulièrement grave et est dénoncée par Raoul Hedebouw : « Ça m’inquiète de voir les tribunaux se mêler des conflits sociaux. C’est la logique thatchérienne des années 80. On veut casser le syndicat. La première loi à respecter est celle des services publics. Or on va supprimer jusqu’à 7 000 emplois dans les chemins de fer. »