USA : des travailleurs de General Electric en grève pour produire des respirateurs | Le coronavirus dans le monde

Chaque jour, Solidaire sélectionne pour vous des informations issues de la presse internationale. La situation sur le nombre de victimes, mais aussi comment les travailleurs se battent pour faire primer leur santé sur le profit.

USA : Grèves et manifestations chez General Electric aux Etats-Unis contre les licenciements et pour la production de respirateurs

Lundi, les ouvriers de General Electric (GE) ont quitté le travail et ont exigé que l'entreprise convertisse ses usines de moteurs à réaction pour fabriquer des respirateurs. Les travailleurs ont tenu une manifestation silencieuse, en se tenant à six pieds (1,8 mètre) de distance. Les ouvriers syndiqués ont aussi défilé, en gardant les distances de sécurité, devant le siège de la société à Boston, demandant à la société d’aider le pays.

Lundi, les ouvriers de General Electric (GE) ont quitté le travail et ont exigé que l'entreprise convertisse ses usines de moteurs à réaction pour fabriquer des respirateurs.

Ces protestations arrivent juste après que GE ait annoncé qu'elle allait licencier 10 % de sa main-d'œuvre dans l'aviation nationale, soit près de 2 600 travailleurs, ainsi qu'un licenciement « temporaire » de 50 % de ses travailleurs de maintenance, dans le but d'économiser « 500 millions à 1 milliard de dollars ».

La Division industrielle du syndicat Communication Workers of America (IUE-CWA) a expliqué comment ces licenciements et fermetures compromettraient les efforts visant à augmenter la production de respirateurs. Jake Aguanaga, président de la section locale de l'IUE-CWA a déclaré : « Si GE nous fait confiance pour construire, entretenir et tester les moteurs qui équipent divers avions où des millions de vies sont en jeu, pourquoi ne nous ferait-on pas confiance pour construire des respirateurs » ?

Les Etats-Unis se tournent vers la Chine pour trouver de l’aide. Un avion en provenance de Shanghai est arrivé dimanche matin à l'aéroport JFK de New York avec à son bord 12 millions de gants, 130 000 masques N95, 1,7 million de masques chirurgicaux, 50 000 blouses, 130 000 unités de désinfection des mains et 36 000 thermomètres. Ce vol est le début de ce qui pourrait devenir le plus grand transport aérien de fournitures médicales d'urgence aux États-Unis. D’après l’Agence Fédérale de Gestion des Urgence (FEMA), 22 vols similaires arriveront dans les prochaines semaines.

La pandémie de coronavirus dévoile les fortes inégalités du système de santé américain. Rien qu’à Washington DC, la capitale du pays, six hôpitaux ont été fermés au cours des 20 dernières années. Par exemple, l'hôpital Providence a fermé l'année dernière après avoir servi la communauté pendant 158 ans. Il est encore prévu de fermer un autre hôpital dont le financement a été réduit systématiquement.

Par ailleurs, une enquête du New York Times démontre que la production de respirateurs bon marché a été bloquée par un leader de la production de composants médicaux. Il y a treize ans, l’administration de la santé publique a élaboré un plan pour remédier à la pénurie de respirateurs (indispensables pour soigner les personnes gravement malades du coronavirus). De l'argent a été budgétisé. Un contrat fédéral a été signé. La production de nouveaux respirateurs bon marché et faciles à utiliser a commencé. Et puis les choses ont dévié de leur cours. Un grand fabricant d'appareils médicaux a acheté la petite entreprise californienne qui avait été engagée pour concevoir les machines. Le projet n’a finalement produit aucun respirateur. La logque du marché et du profit l’a emporté : cela a aujourd’hui des conséquences dramatiques sur la santé publique.

Espagne : 50 mesures sociales pour lutter contre les conséquences de la crise.

Le gouvernement de gauche a adopté 50 nouvelles mesures sociales dans le cadre du « bouclier social » mis en place pour lutter contre les conséquences sociales de la crise de Corona, entre autres :

• La possibilité d'expulsion pour non-paiement de loyer est suspendue jusqu'à 6 mois après la fin de l'état d'urgence.
• Le prix du loyer des logements ne peut pas être augmenté dans les six prochains mois.
• Création de prêts à 0% d'intérêt aux locataires en situation de vulnérabilité, à verser dans les 10 ans.
• Une allocation de 440 euros pour les travailleurs victimes de la résiliation d'un contrat temporaire pendant l'état d'urgence et qui ne sont pas couverts par les allocations de chômage.
• Une subvention pour les travailleurs domestiques, compatible avec les autres revenus, s'ils n'atteignent pas le salaire minimum. Le montant total sera égal à 70 % de leur salaire de base.

À ce sujet, Pablo Iglesias (Podemos) a déclaré : « Si le domicile est la tranchée depuis laquelle nous nous battons face au coronavirus, protégeons là. Desahucios (expulsion de domiciles) interdits ».

France : plainte contre Carrefour

La fédération CGT Commerce a porté plainte devant le Tribunal de grande instance (TGI) de Bobigny contre la direction de Carrefour Hypermarché, pour « atteinte involontaire à la vie » et « mise en danger de la vie d’autrui ». Le texte de la plainte met en avant le cas tragique d’Aïcha Issadouene, caissière de Saint-Denis décédée du coronavirus le 26 mars dernier.

Italie : pressions du patronat pour redémarrer les usines

Un article de Il Fatto quotidiano dénonce le fait que dans le nord, de nombreuses usines n'ont pas du tout fermé. Des milliers d'entreprises ne figurant pas sur la liste des secteurs essentiels ont obtenu des exceptions dans les seules provinces de Brescia (2980 exceptions) et de Bergame (1800), pourtant la région la plus touchée par le Coronavirus en Italie. Le patronat met en effet une forte pression pour rouvrir rapidement les usines. Le PIB est en chute libre en Italie (-6%). Mais Conte (le chef du gouvernement) a résisté à la pression pour le moment et a laissé ce choix au comité scientifique.

Pendant que l’ONU appelle à un cessez-le-feu mondial, l’OTAN poursuit ses manœuvres.

En réponse à un appel à un cessez-le-feu mondial lancé par le Secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, une déclaration a été signée par 53 pays (dont la Belgique) pour soutenir la fin des hostilités et aider à prévenir la propagation de la pandémie. "le vrai combat de nos vies", selon le Secrétaire général. Cet appel est également relayé par le Pape, la Russie... Plusieurs groupes de résistance armée (comme la guérilla communiste aux Philippines) ont déjà réagi positivement.

Dans Il Manifesto, c’est une toutre autre histoire que Manlio Dinucci nous raconte :

Les pays européens de l’OTAN sont avertis par Washington que, malgré les pertes économiques provoquées par le Coronavirus, ils doivent continuer à augmenter leurs budgets militaires

« Tandis que la crise du Coronavirus paralyse des sociétés entières, de puissantes forces sont à l’oeuvre pour tirer l’avantage maximal de la situation. Le 27 mars l’OTAN sous commandement USA s’est élargie de 29 à 30 membres, en englobant la Macédoine du Nord. Le jour suivant (…) a commencé en Écosse l’exercice aéronaval OTAN Joint Warrior avec des forces US, britanniques, allemandes et autres, qui durera jusqu’au 10 avril y compris avec des opérations terrestres. En attendant, les pays européens de l’OTAN sont avertis par Washington que, malgré les pertes économiques provoquées par le Coronavirus, ils doivent continuer à augmenter leurs budgets militaires pour “conserver la capacité de se défendre”, évidemment de l’”agression russe”.

À la Conférence de Munich, le 15 février, le secrétaire d’état Mike Pompeo a annoncé que les États-Unis ont sollicité les alliés à débourser 400 milliards de dollars de plus pour augmenter la dépense militaire de l’OTAN, qui dépasse déjà amplement les 1.000 milliards annuels. L’Italie doit ainsi augmenter sa propre défense militaire, qui se monte déjà à plus de 26 milliards d’euros annuels, c’est-à-dire plus que le Parlement n’a autorisé à débourser ponctuellement pour l’urgence Coronavirus (25 milliards).

L’OTAN gagne ainsi du terrain dans une Europe largement paralysée par le virus, où les USA, aujourd’hui plus que jamais, peuvent faire ce qu’ils veulent. À la Conférence de Munich Mike Pompeo a violemment attaqué non seulement la Russie mais aussi la Chine (…). Ce faisant les États-Unis accroissent leur pression sur les pays européens pour qu’ils rompent aussi les accords économiques avec Russie et Chine et renforcent les sanctions contre la Russie.

Sources : leftvoice.org, New York Times, L’Humanité, Il Fatto quotidiano, Mundo Obrero, Il Manifesto)