Amazonie : le poumon de la planète brûle, le président d'extrême droite Bolsonaro distribue les allumettes

L'ampleur de la catastrophe qui frappe la forêt Amazonienne depuis le début de l'année est presque inimaginable : 72 000 incendies gigantesques, qui rien qu'au cours du mois de juillet ont réduit en cendres 1 345 km² de cette précieuse forêt. C'est 80 % de plus que l'an dernier. Depuis le 1er janvier 2019,  c'est Bolsonaro, homme politique d'extrême droite, qui est au pouvoir au Brésil...

Les feux de forêts sont tellement immenses que les nuages de fumées sont visibles depuis l'espace et que des villes situées à plus de cent kilomètres de l'Amazonie, comme Sao Paulo, ont été plongées dans l'obscurité en pleine journée. Avec ses 5,5 millions de kilomètres carrés (environ 200 fois la Belgique), la forêt Amazonienne est le poumon de la planète. Or, selon les spécialistes, si la déforestation se poursuit au rythme actuel – une superficie de trois terrains de football par minute ! — ce poumon est menacé de « dieback », c'est-à-dire un dépérissement forestier fatal causé par la déforestation, la diminution des pluies, la sécheresse, la multiplication des incendies... jusqu'à la destruction irréversible de la forêt, qu'aucune intervention humaine ne peut alors plus sauver.

Le fait que 60 % de ce poumon se situe au Brésil, pays dirigé par le président d'extrême droite Bolsonaro, aggrave encore la situation. Bolsonaro veut que le forêt puisse être exploitée à fond, il ne voit aucun inconvénient à ce que les grands propriétaires terriens ou les entreprises minières déboisent par le feu, il a supprimé le contrôle et la surveillance de la forêt Amazonienne et a retiré à l'organisme gouvernemental FUNAI (National Indian Foundation, créé pour protéger la vie, les terres et les droits des peuples indigènes) la compétence de la protection de celle-ci pour la transférer au... ministère de l'Agriculture.

À toute critique sur sa politique, Bolsonaro répond par le ricanement. Il a même affirmé que ce sont les ONG qui œuvrent à la protection de la forêt Amazonienne qui pourraient avoir elles-mêmes allumé les incendies. Il a rejeté la suggestion du président français Macron de discuter du problème au sommet du G7 – rassemblant les six plus grands pays industriels occidentaux ainsi que le Japon – lors dernier weekend d'août à Biarritz, en déclarant qu'il s'agissait là de l'expression d' « une mentalité colonialiste dépassée au 21e siècle ».

Les protestations prennent de l'ampleur

Partout dans le monde, de plus en plus de protestations sont exprimées contre la politique d'extrême droite de Bolsonaro. Également en Belgique. Sur sa page Facebook, le député PTB au Parlement flamand Jos D'Haese dénonce : « Nos poumons sont en feu. Nos poumons sont en feu et personne n'a l'air de s'en soucier. Nos poumons sont en feu et le président du pays où ils brûlent en attribue la responsabilité à ceux qui les protègent. Nos poumons sont en feu, et il y a bel et bien quelqu'un et quelque chose qui en sont responsables. Un président et un système qui placent le profit au-dessus de tout. »

Également au Brésil

Dans son propre pays aussi, le président doit faire face à une résistance croissante. D'après un récent sondage, 96 % de citoyens pensent que le gouvernement devrait faire davantage pour protéger la forêt Amazonienne et 88 % estiment que « l'Amazonie est une fierté nationale » – parmi les électeurs de Bolsonaro, c'est même 90 %.

Dilma Rousseff, qui a précédé à Bolsonaro à la présidence du Brésil (de 2011 à 2016), exprime dans un article sur le site internet de son parti, le Parti des travailleurs, ce mécontentement grandissant dans son pays : « L'abattage et la destruction par le feu des arbres, sous l'œil du gouvernement, signifie une attaque de notre souveraineté nationale qui est aussi grave que la vente d'entreprises publiques brésiliennes comme Petrobras, planifiée pour 2022. » Elle souligne que « la protection de la forêt Amazonienne est urgente, qu'il faut agir avant qu'il soit trop tard ». Lorsqu'elle était présidente, elle avait mis son veto contre une nouvelle loi qui permettait de mettre en vente de grandes parties de la forêt Amazonienne. Dilma Rousseff sera en Belgique les 21 et 22 septembre pour ManiFiesta, la Fête de la Solidarité à Bredene.

Le 26 août, une manifestation a également eu lieu à Bruxelles devant l'ambassade brésilienne.