La résistance sociale britannique dans le chemin de fer, le métro et le trafic aérien

La Grande-Bretagne a connu une semaine agitée dans les transports. Le personnel de la société de chemin de fer Southern Rail mène des actions depuis déjà avant la nouvelle année. Lundi 9 janvier, le personnel du métro londonien a arrêté le travail. Et mardi 10, une grève de deux jours était entamée à la compagnie aérienne British Airways.

Vingt ans après la privatisation du chemin de fer britannique, la qualité du service a diminué à vue d’œil, le prix du ticket a explosé et, si votre train arrive à l’heure, c’est que vous avez un fameux coup de bol, puisque, dans le sud de l’Angleterre, quatre trains sur cinq ont du retard. En cas de question ou de problème, on ne trouve pas toujours un membre du personnel pour vous aider. Au nom du profit pour les actionnaires, cela fait déjà un bon moment que le trafic ferroviaire est allé à vau-l’eau. Pour toutes ces raisons, près de deux Britanniques sur trois veulent désormais que le chemin de fer soit renationalisé. La semaine dernière, des voyageurs ont encore mené une action contre l’augmentation du prix des tickets. Depuis 2010, le prix d’un abonnement annuel a augmenté de 27 %. (Source : http://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/au-royaume-uni-la-privatisation-des-chemins-de-fer-deraille-628489.html )

Quant au personnel du rail, il n’en peut plus. Déjà avant la nouvelle année, les cheminots ont mené des actions avec leurs syndicats. Southern Rail, la société de chemin de fer qui relie Londres au sud, veut faire rouler ses trains sans accompagnateurs. Le gouvernement veut en effet économiser sur la dotation attribuée à Southern Rail pour exploiter le chemin de fer.

« J’ai arrêté le travail pour protéger la sécurité des voyageurs. Outre le fait que des gens voyageront sans payer leur ticket, nous craignons que des trains sans accompagnateurs entraîneront du vandalisme, des comportements incivils et de la criminalité. Les voyageurs vulnérables et ceux en chaise roulante ne recevront plus d’assistance. Et encore bien d’autres choses...  », explique un des conducteurs de train dans une lettre au journal The Guardian.

Le métro londonien sans guichets

Dans le métro de Londres, la résistance contre la gestion libérale bat aussi son plein. Lundi 9 janvier, les travailleurs se sont croisé les bras pour protester contre une énorme mesure d’économies par laquelle la direction a décidé la fermeture de tous les guichets. « Tous les 289 guichets sont supprimés, une immense prestation de toute l’équipe », a déclaré le management avec une fierté pour le moins inappropriée. Le nombre de voyageurs continue d’augmenter, mais on supprime 900 emplois dans le métro. « Le London Underground affirme offrir un service de classe mondiale. Mais un métro self-service, sans personnel suffisant pour surveiller les dangers d’incendie ou autres au départ des salles de contrôle ou pour aider les voyageurs, on peut difficilement le considérer de "classe mondiale" », constate le syndicat RMT.

British Airways : une grève contre des salaires de misère

Les mardi 10 et mercredi 11 janvier, le personnel de British Airways a arrêté le travail. Il y a quelques années, les stewards de la compagnie aérienne avaient mené avec succès une action pour de meilleurs salaires. C’est pour cela que British Airways applique la tactique du diviser pour régner. Depuis 2010, les nouveaux sont sous un autre type de contrat. Ils sont payés un salaire moindre et doivent travailler à de moins bonnes conditions que les autres. Entre deux services, certains travailleurs passent parfois la nuit dans leur voiture pour économiser leur essence. L’entreprise-mère de British Airways, IAG, a toutefois annoncé pour 2016 un bénéfice de 2,5 milliards d’euros. Pour le syndicat, il y a donc assez d’argent pour payer des salaires corrects, mais la direction refuse tout dialogue.

La classe des travailleurs en action contre la crise

Ces conflits sociaux sont certes divers, mais tous indiquent qu’un contre-courant est actif dans la société britannique. Paul Mason, journaliste et maintenant conseiller du dirigeant du Labour Jeremy Corbyn, a écrit à ce sujet un article d’opinion dans The Guardian, où il souligne que l’establishment politique espère avoir une classe de travailleurs dociles et qui se laissent monter les uns contre les autres. Les Conservateurs britanniques veulent à cet effet limiter encore davantage le droit de grève.

Le large mouvement en Grande-Bretagne montre que cet espoir est vain. Cela bouge en effet beaucoup contre les mesures antisociales du gouvernement. Les revendications du mouvement reçoivent aussi pas mal de soutien dans la population. Cela n’est pas seulement lié au mauvais service des entreprises privatisées. Des salaires trop bas aggravent en effet précisément l’effet de la crise, puisque l’on consomme alors moins. Les revendications du mouvement de grève sont pour cela dans l’intérêt de toute la société. Il y a même un aspect européen à cette lutte. L’augmentation des salaires, la lutte pour le respect et la sécurité au travail, la défense les pensions et celle des syndicats :  ces thèmes dépassent clairement le cadre britannique.