Oxfam : 32 grandes entreprises enrichissent leurs actionnaires alors que la famine menace des millions de personnes dans le monde

« Une société qui voit sa richesse grossir sans faire diminuer la pauvreté doit être pourrie jusqu’à l’os ». Le président du PTB, Peter Mertens, reprend cette citation de Karl Marx dans son dernier livre Ils nous ont oubliés. Oxfam vient de publier deux rapports qui illustrent bien ces mots tristement d’actualité. La crise du coronavirus n'a fait que creuser le fossé déjà profond entre riches et pauvres.

« Lorsque la pandémie ne sera plus qu’un mauvais souvenir, l’extrême pauvreté aura touché un demi-milliard de personnes en plus. À côté de ça, la fortune des milliardaires américains a augmenté de 500 milliards de dollars pendant la crise du coronavirus. Les riches s’enrichissent, les pauvres s’appauvrissent : la fracture se creuse encore davantage. » C'est ce qu'écrit Peter Mertens dans son dernier ouvrage, Ils nous ont oubliés. Les rapports publiés par Oxfam ont rendu cet écart douloureusement visible.

La goutte d'eau qui fait déborder le vase

Dans son rapport Le virus de la faim, Oxfam démontre comment le coronavirus aggrave la famine dans le monde. On peut s’attendre à ce que jusqu'à 12 000 personnes meurent de faim chaque jour à cause du Covid-19. La famine ferait ainsi plus de victimes que le virus lui-même.

L'impact social et économique du coronavirus - chômage massif, perturbation de la production et de la distribution alimentaires, diminution de l'aide, ... - pourrait cette année condamner plonger 121 millions de personnes supplémentaires dans la famine.

Selon Chema Vera, directeur d'Oxfam : « Le Covid-19 est la goutte d'eau qui fait déborder le vase pour des millions de personnes déjà confrontées aux impacts des conflits, des changements climatiques, des inégalités et d’un système alimentaire défaillant qui a appauvri des millions de producteurs alimentaires et d‘agricuteurs. D'un autre côté, on continue de faire des bénéfices au sommet : huit des plus grandes entreprises alimentaires au monde ont déjà versé 18 milliards de dollars à leurs actionnaires depuis janvier ».

Selon Oxfam, si l'on veut sauver un maximum de vies, les gouvernements doivent s'assurer que l'aide parvienne bien à ceux qui en ont besoin. Ils doivent en outre annuler la dette des pays en développement et construire des systèmes alimentaires plus équitables et plus durables, qui défendent les intérêts des producteurs et des travailleurs.

La petite élite

Dans son second rapport, « Covid-19 : les profits de la crise », Oxfam affirme que la crise du coronavirus a accéléré la concentration du pouvoir économique entre les mains de quelques grandes entreprises. 32 grandes entreprises - dont des géants tels que Google, Apple, Facebook, Amazon, Johnson & Johnson, Roche, Merck, Walmart et Nestlé - ont vu leurs profits augmenter de manière exponentielle durant la crise.

Elles verseront 88 % de leurs bénéfices excédentaires à leurs actionnaires. « Plutôt que de payer une contribution fiscale équitable ou de redistribuer les bénéfices aux travailleurs, on préfère, la plupart du temps, réserver ces bénéfices à une petite élite », explique Oxfam.

Dans son livre Ils nous ont oubliés, Peter Mertens écrit : « Le gouffre est d’une profondeur insondable entre les extrêmes des extrêmes, entre les très, très riches et les très, très pauvres. Si la personne la plus riche de la planète empilait ses billets de cent dollars et s’installait dessus comme un coq, il se retrouverait hors de la stratosphère, dans l’espace. » Les rapports publiés par Oxfam montrent clairement que la crise du coronavirus a permis à quelques super-riches de se rapprocher encore un peu plus des étoiles.

Oxfam plaide pour des impôts équitables, des salaires décents, des lieux de travail sûrs et sécurisés ainsi que la participation des travailleurs. « Et ce avant le versement du moindre dividende aux actionnaires. »