Rachel Keke, « Française avant d’arriver en France, syndicaliste avant d’entrer dans le syndicat »

Femme de chambre qui a fait plier le géant du secteur hôtelier Accor, élue à lʼAssemblée nationale face à une ministre, Rachel Keke est devenue un symbole de combativité. Et dire quʼelle a passé ses 26 premières années dans la banlieue pauvre dʼAbidjan… Nous avons profité de son retour à ManiFiesta pour retracer cet incroyable parcours, et imaginer la suite.

Notre dernière rencontre sʼest déroulée exactement au même endroit. Trois ans plus tôt, Rachel Keke et des collègues femmes de chambre de lʼhôtel Ibis de Batignolles (Paris) étaient invitées à ManiFiesta pour parler de leur lutte exemplaire. Lʼaccueil fut à la hauteur…

Cette année, Rachel Keke était de nouveau très attendue. Le timing de la rencontre pouvait pourtant teindre celle-ci de morosité. Alors que le président Emmanuel Macron décide de précipiter son pays dans le chaos en provoquant des élections législatives anticipées – en plein essor électoral de lʼextrême droite –, elle nʼest pas ré-élue en juillet dernier, à cause des moyens déployés par le camp dʼen face. Preuve que la bourgeoisie française ne veut pas dʼune Rachel Keke ailleurs que dans une chambre dʼhôtel.

Pire, quelques heures avant de la retrouver à ManiFesta, le pouvoir macroniste a annoncé ne pas respecter le résultat des urnes. La gauche pourtant arrivée première au niveau national a été écartée au bénéfice dʼun nouveau Premier ministre Les Républicains (LR, parti arrivé… 4e aux dernières élections), qui a mis en place un gouvernement de droite – avec la bienveillance de lʼextrême droite.

Dégoûtée, Rachel Keke ? Sûrement pas. Au contraire : elle repart au combat encore plus déterminée quʼavant pour faire ce quʼelle aime le plus. Se battre pour un monde plus juste, avec – pour paraphraser le titre de sa biographie – cette rage dans son cœur.

Avant même de mettre un pied en France, vous vous considériez déjà comme Française. Pourquoi ?

Rachel Keke. Cʼest lié à l’histoire de mon grand-père. Il a combattu pour la France lors de la Seconde Guerre mondiale. Il en était très fier. Il se considérait, à raison, comme un vainqueur de la guerre et que le pays quʼil avait servi était le sien à partir de ce moment-là. Chaque 14 juillet, il sʼhabillait encore mieux que dʼhabitude et on allait tous aux célébrations car cʼétait la fête nationale de notre pays, nous disait-il. Alors quʼon était à Abidjan. Il pensait que sa famille recevrait la reconnaissance de la France.

Mais ce n’est pas arrivé. Loin de là même…

Rachel Keke. Je mʼen suis rendue compte dès mon arrivée à lʼaéroport. Cʼétait un choc car je pensais quʼon avait le droit comme tous les autres de vivre normalement dans ce pays. Mais on mʼa directement fait comprendre que non. Pourtant, raconter lʼhistoire de lʼimmigration résoudrait bien des problèmes liés au racisme. Si on apprenait aux enfants quʼon nʼest pas seulement des descendants des Gaulois mais que nos ancêtres viennent aussi du Sénégal, de Côte dʼIvoire, de Martinique, de lʼîle Maurice, etc. cela couperait lʼherbe sous le pied des gens qui veulent nous diviser.

Il faut raconter la vraie histoire, pas un récit nationaliste mensonger. Mais la France a un problème avec sa mémoire coloniale. Il nʼy a pas que la France, dʼailleurs. Je suis allée au Canada, et jʼy ai visité un musée. Il mettait en valeur les Indiens, qui étaient là bien avant les autres. Je trouvais ça très beau et je suis allée voir le guide pour lui demander si les enfants canadiens connaissaient lesorigines de leur pays. Il mʼa dit que non… Le racisme vient de la méconnaissance.

Si les gens d’ailleurs ne sont pas forcément bienvenus en Europe, les marchandises des mêmes pays, elles, ont souvent moins de problème. Comment l’expliquer ?

Rachel Keke. On ne peut pas vivre isolés du monde. Vous prenez du cacao au petit-déjeuner ? Il nʼy a pas de cacao ici, il faut le faire venir. Vous préférez le café ? Idem. La matière première de la plupart des produits que nous consommons vient des pays du Sud. Donc, des gens de ces pays qui travaillent dans les champs de café ou de cacao. Et quʼont ces personnes en retour ? Le droit de rester chez elles, dans la misère. Je viens de là. Jʼai vécu la misère, et la souffrance, en Côte dʼIvoire. Mais le problème fondamental, là-bas comme ici, est le partage des richesses. Cʼest pour cette raison que je me suis engagée à gauche.

À 12 ans, vous étiez déjà capable d’exercer plusieurs métiers : cuisinière, femme de ménage, gardienne d’enfants, coiffeuse… Comment jugez-vous votre enfance ?

Rachel Keke. Compliquée. Surtout quand ma mère est partie. Jʼavais 12 ans. Elle est morte, enceinte, de manière brutale. Mon père ne voulait pas se remarier trop vite, par amour pour ma mère. Alors jʼai dû reprendre les tâches de ma mère en plus de tout le reste. Je faisais à manger, je mʼoccupais de mes frères… Cʼétait déjà lʼéquivalent dʼun emploi à temps plein, mais non-payé…

Arrivée en CM2 (équivalent de notre 5ème primaire, NdlR), jʼai donc dû arrêter lʼécole. Mon corps ne suivait plus. On mangeait du pain rassis depuis une semaine. On buvait de lʼeau chaude avec un peu de sucre. On dormait par terre. Mais on pensait que cʼétait normal. Jusquʼau moment où on se rend compte que ce nʼest pas normal, que cʼest injuste. Mais pour sʼen rendre compte, il faut pouvoir se renseigner sur les causes.

Ce que vous faites en arrivant en France, où la vie n’a pas été rose non plus au début…

Rachel Keke. Quand je suis arrivée, je voulais mʼintégrer. Je me suis intéressée à comment les choses fonctionnaient. Pour avoir des papiers, je nʼavais pas le choix. Ça mʼa donné envie de mʼintéresser au reste. Jʼai découvert le syndicalisme, ce qui mʼa donné envie de découvrir comment fonctionne un syndicat, pourquoi on doit se mobiliser collectivement, même quand ce nʼest pas facile. Dès que je suis devenue femme de chambre dans un hôtel, jʼai pris ma carte au syndicat. Le fait dʼavoir autant souffert fait que je ne supporte pas les injustices.

Et quand je voyais au travail mes collègues qui ne savaient ni lire ni écrire être victimes dʼinjustices, je prévenais le syndicat. Tout de suite. Mes collègues mʼont alors dit : « Vu que tu nous défends déjà au quotidien, pourquoi tu ne te présentes pas aux élections sociales pour nous représenter dans le syndicat ? » Je nʼy avais pas pensé avant mais je lʼai fait. Et elles ont voté pour moi. Jʼétais Française avant de venir en France, jʼétais déjà syndicaliste avant dʼentrer au syndicat ! (Rires)

Chaque matin, jʼorganisais des réunions avec les collègues avant de commencer la journée. Avec tout ce que jʼentendais comme horreurs, je me suis dit que ça ne pouvait pas continuer comme ça. On a alors décidé dʼagir. Ce qui a facilité note combat est que les femmes avaient le goût du syndicat, elles voulaient se syndiquer. Ce qui nʼest pas facile dans le secteur du nettoyage car nous travaillons pour des soustraitants. Organiser des travailleuses et des travailleurs éparpillés sur plusieurs sites, etc. cʼest compliqué. Mais pas impossible, comme la suite allait le prouver.

Quels étaient les problèmes que vous et vos collègues rencontriez dans l’hôtel ?

Rachel Keke. On devait faire de plus en plus de chambres, dʼabord 20, puis 30, 40, 50 par jour... Cʼétait intenable. On était payées à la chambre et pas à lʼheure donc même si on bossait 12h, on n’était payée que pour 6,7 ou 8h. On touchait 700 euros un mois, 500 euros le mois suivant, sans explications. On nʼavait aucune protection. On subissait du harcèlement sexuel. On était seules face au patron. Avec le syndicat, lʼambiance au travail a changé. Le patron a lʼhabitude dʼêtre en face de femmes, immigrées, parfois analphabètes… Il pensait quʼil pouvait faire nʼimporte quoi contre nous. Une fois syndiquée, le rapport de force a changé. Mais se syndiquer ne suffit pas. Si vous ne bougez pas, le syndicat ne va pas bouger pour vous. Donc, on sʼest mise en grève.

Votre première grève a-t-elle été un déclic ?

Rachel Keke. Ma première grève, cʼétait pour obtenir notre 13e mois, comme prévu par la loi. On a gagné. Là, je me suis dit : « La grève, ça sert vraiment à quelque chose. » Cʼest très concret. Et cʼest une règle générale : je ne vois pas comment obtenir une augmentation de salaire, de meilleures conditions de travail sans lutter. Sauf si vous êtes très ami avec le patron, et encore ! (Rires)

Cette grève a provoqué un grand changement chez moi, dans ma personnalité. À partir de ce moment-là, je nʼai pas arrêté de dire aux gens de se battre. Chaque fois que je vais à un piquet de grève, je dis : « Si vous lâchez, vous êtes sûrs de perdre. Vous avez commencé, il faut aller jusquʼau bout. Si vous tenez, vous gagnerez. » Cʼest un signal fort quʼon envoie quand on gagne une lutte sociale. Cela inspire les autres.

Pour cela, il faut que les victoires soient médiatisées. Est-ce le cas ?

Rachel Keke. Non, car ça risque de donner des idées aux gens. (Rires) Notre grève a été très peu médiatisée. Les grands médias ont parlé de nous à la fin, quand on a gagné. Et elle a eu finalement un retentissement national, et même plus. Dans la foulée de notre victoire, des travailleuses dʼune école près de lʼhôtel ont mené une grève. Elles lʼont gagnée. Elles nous ont invité à leur fête pour nous expliquer quʼon les avait inspirées. Elles se sont dit : « Si ces femmes peuvent tenir 22 mois, on est aussi capables de se mettre en grève. » Après trois semaines, elles ont obtenu lʼaugmentation quʼelles voulaient.

Les travailleuses dʼun hôtel près du nôtre se sont mises aussi en grève. Cette dernière a duré… un seul jour. (Rires) La grève fait très peur aux patrons, surtout quand elle est bien organisée, et quand il y a de la solidarité.

On vous a accusées d’avoir été manipulées par le syndicat. Parce que vous étiez des femmes, immigrées, selon vous ?

Rachel Keke. Oui. On retrouve beaucoup de travailleuses et travailleurs issus de la diversité dans les métiers pénibles, mais essentiels, comme les femmes de chambres, les éboueurs, etc. Quand ils luttent, on suppose quʼils sont aidés car ils ne seraient pas capables de le faire seuls. Cʼest du racisme. Idem pour les femmes. Une femme doit travailler, rentrer à la maison sʼoccuper du ménage et puis cʼest tout. Pas lutter, pas revendiquer ses droits. Elle nʼen serait de toute façon pas capable. Cʼest du sexisme. Partout, des politiciens, des médias de droite, etc. les rabaissent pour ne pas quʼelles se rebellent.

Je reviens de Côte dʼIvoire. Des femmes mʼont invitée pour que je leur parle de notre lutte. Mon message était : « Vous nʼimaginez pas votre force. » Quand les femmes sʼorganisent, ça fait peur. Nous, on est capable de faire trois journées en 24h : travailler, militer puis rentrer à la maison sʼoccuper des enfants. Et ceux qui ont peur ont bien raison dʼavoir peur, parce quʼil faut de la force pour faire ça.

Cette rage dans mon cœur

Le 17 juillet 2019, les femmes de chambre disent « stop ». Elles sʼopposent à leur direction qui veut muter 13 travailleuses de lʼhôtel. Outre l’abandon de ces départs forcés, celles qui restent encore aujourdʼhui connues comme « les femmes de chambre de l’hôtel Ibis de Batignolles » et la CGT HPE (syndicat des hôtels de prestige et économique) exigent une hausse de salaires, de meilleures conditions de travail, une reconnaissance de leur statut, etc. Très vite, leur lutte reçoit un écho national… et international.

Après 22 mois de combat (dont 8 mois de grève ininterrompue) contre la multinationale Accor, elles arrachent une victoire retentissante : des augmentations de salaire de 250 à 500 euros nets par mois, diminution de la charge de travail… Depuis le 25 mai 2021, date de lʼaccord qui signe leur victoire noir sur blanc, Rachel Keke nʼa pas arrêté. Engagée au niveau syndical, elle veut étendre ses combats. Elle sʼengage à la France Insoumise (LFI) pour militer.

Puis le responsable local lui demande si elle ne veut pas se présenter aux élections législatives. Face à une ex-ministre des Sports, Rachel Keke – pourtant très hésitante au début – lʼemporte à la grande surprise des médias traditionnels. La femme de chambre qui entre à lʼAssemblée nationale, lʼimage est (très) forte. Mais quand on sait quʼavant dʼêtre femme de chambre, Rachel Keke vivait dans les bidonvilles dʼAbidjan jusquʼà lʼâge de 26 ans, elle lʼest encore plus.

Dès lʼâge de 12 ans, Rachel Keke doit arrêter lʼécole pour prendre soin de sa famille à la mort de sa mère. Pour nourrir ses frères et soeurs, elle travaille dʼabord comme coiffeuse. Elle est tellement douée quʼun oncle parti en France la fait venir dans son salon de coiffure. Mais son visa est temporaire. Une fois expiré, elle doit se cacher, tout en continuant à travailler. Elle passe de galère en galère, de petit boulot en petit boulot. Elle pense enfin trouver le bonheur quand une amie lui parle dʼune place de femme de chambre dans un lʼhôtel. La suite est connue…

Cette rage dans mon cœur, les combats dʼune députées pas comme les autres, Rachel Keke, éditions Michel Lafon, 2024.

La droite, en France ou en Belgique, dit toujours qu’elle va récompenser ceux qui travaillent dur par opposition à ceux qui sont au chômage. Vous y croyez ?

Rachel Keke. Cʼest un mensonge, ceux qui bossent dur voient bien quʼils ne sont pas payés plus. La droite pense surtout que les travailleurs qui se lèvent tôt doivent faire ce quʼelle leur dit de faire. Moi je me levais à 4h du matin pour attraper le premier bus de 5h17. Et je prenais le métro pour arriver à lʼhôtel à 6h30. Et en fin de journée, je faisais le ménage à un autre endroit de 17 à 21h. Souvent, quand je rentrais à la maison, les enfants étaient au lit. Je ne les voyais plus. Tout ça pour 1 000 euros. Elle est où la récompense ? Cʼest exactement le contraire : la droite encourage les patrons à ne pas augmenter nos salaires.

Après avoir vécu leur mépris au travail, je lʼai vu à lʼAssemblée nationale. On se battait pour faire augmenter le SMIC (le salaire minimum, NdlR) à 1 500 euros. Lors des débats parlementaires, jʼétais choquée. On parle de gens qui ont 800, 900 ou 1 000 euros. Toute la droite a refusé. Ces politiciens, eux, ils sont bien. Ils ne sont absolument pas concernés par ça, mais ils votent tout de même contre. Je me suis énervée. Je suis intervenue au micro et jʼai demandé : « Qui a déjà touché 800 euros ici ? Par mois, pas par jour... » Je ne vous dis pas leur réaction… (Rires)

Réduire le salaire des députés serait une solution ?

Rachel Keke. Ça les ferait réfléchir autrement, cʼest sûr ! Ils gagnent 5 600 euros nets par mois. Sans compter tous les avantages. Par exemple, ils ont une carte pour leurs frais. Avec ça, ils peuvent acheter des vêtements, aller chez la coiffeuse, se déplacer en taxi, etc. Mais cʼest plus global. On retrouve beaucoup de gens issus dʼun milieu riche : des fils de médecins, des avocats, etc. Déjà avant de siéger à lʼAssemblée nationale, ils ne peuvent pas comprendre la vie de la classe travailleuse. Ils ne savent pas ce que cʼest de travailler dur pour un salaire de misère, ils ne savent pas que travailler plus longtemps est impossible. Je pense donc quʼils ne devraient pas se trouver là où on vote les lois, les gens ne doivent pas voter pour eux !

Les travailleurs qui votent Marine Le Pen (cheffe de file du Rassemblement national (RN), parti dʼextrême droite, NdlR) se trompent. Elle et son parti ne défendent pas du tout les intérêts de la classe travailleuse. Jʼai pu le voir à lʼAssemblée nationale. Ils votent pour lʼallongement de lʼâge de la retraite, le blocage des salaires, etc. Donc, il faut envoyer des travailleuses et des travailleurs là où on vote les lois qui les concernent.

Dans votre livre, vous dites avoir hésité avant de vous lancer dans la campagne électorale en 2022. Pourquoi ?

Rachel Keke. Parce que jʼai arrêté lʼécole en CM2. Et que je voyais à la TV les députés en costume, qui parlent bien… Je me disais : « Comment une femme de ménage peut-elle entrer à lʼAssemblée nationale ? » Jʼavais peur de ne pas être légitime. Mon élection mʼa donné de la confiance. Cʼest vrai que cʼest violent, cʼest difficile, mais il faut faire de la politique. Et quand je dis « politique », cʼest bien plus large que se faire élire : cʼest faire grève, cʼest sʼintéresser, cʼest parler… Même à la maison, cʼest important de parler politique aux enfants. Ils sont souvent plein de bon sens. Plus que beaucoup de politiciens ! (Rires)

Quelle a été la réaction des politiciens de droite et d’extrême droite quand vous êtes arrivée à l’Assemblée nationale ?

Rachel Keke. On fait tout de suite sentir aux gens comme moi quʼils ne sont pas à leur place. Cʼest violent. Moi, vu les épreuves affrontées avant mon élection, jʼen avais vu dʼautres. Mais pour le jeune Louis Boyard (jeune député de la France Insoumise, élu à 21 ans, NdlR), qui apprend à faire de la politique, qui se bat, cʼest encore plus violent à vivre. Ils trouvaient insupportable quʼil vienne les mettre face à leurs erreurs, leurs contradictions, leurs mensonges. Et donc, ils cherchaient à lʼécraser. Entre eux, ils sont tous amis. Ils sont bien entre eux, les bourgeois.

Quand Marine Le Pen croise Macron, on voit les clins d’œil. Mais quand nous, le peuple, on arrive, ça les dérange profondément. Ils ne peuvent plus faire leurs petites affaires entre eux. Ils sont violents. Ils sont violents dans les mots quʼils emploient contre nous, ils sont violents via les médias qui les servent. La bourgeoisie nʼa pas de pitié. Si on nʼest pas de leur bord, il faut nous abattre. Il faut donc être fort pour tenir.

Est-ce que ce passage à l’Assemblée nationale vous a découragée ?

Rachel Keke. Au contraire, jʼai encore plus envie dʼagir. Plus on est dégoûté de la politique, plus eux ont du pouvoir, et plus ils nous matent. Mais si les gens sont dégoûtés, c’est la faute de qui ? Aujourd’hui, Macron passe en force, il ne veut pas respecter le résultat des élections. Que faire face à ça ? Hausser les épaules en disant « tous pourris » ? Ou descendre dans la rue pour nous faire respecter ?

Notre vie est faite de combats. Si on ne lutte pas ensemble contre les idées de droite et dʼextrême droite, on va à notre perte. Toute la classe travailleuse. Cʼest pour cela que le mouvement populaire qui est en train de se mettre en mouvement doit être renforcé au maximum.

Votre non ré-élection vous pousse-t-elle à arrêter le combat ?

Rachel Keke. Sûrement pas ! (Rires) Pour moi, la lutte nʼest pas finie. Elle sʼarrêtera à ma mort. Tant quʼon vit, on lutte. Quʼon le veuille ou non. Autant sʼen rendre compte et bien diriger celle-ci.