Victoire pour les Sioux de Standing Rock : « Ce pipeline n'aurait jamais dû être construit. »

En 2016, dans l'État américain du Dakota du Nord, les Sioux ont entamé un combat contre la construction d'un pipeline qui était sur le point de provoquer une grave pollution de leurs terres et de leur eau. Quatre ans plus tard, ils remportent une victoire importante. Un juge a décidé que le pipeline devait être fermé sur-le-champ.

Le « serpent noir », c’est le nom qu’ont donné les Sioux de la tribu de Standing Rock au Dakota Access Pipeline, un oléoduc qui transporte du pétrole du Dakota du Nord vers le Dakota du Sud, l'Iowa et l'Illinois, depuis 2017. Ces quatre dernières années, les Sioux, soutenus par des dizaines de milliers de militants, se battent contre ce pipeline qui détruit leurs terres sacrées.

Un juge fédéral vient de décider que le Dakota Access Pipeline devait être fermé. Tout le pétrole doit être retiré de l'oléoduc endéans les trente jours. Le juge a déclaré que l’octroi de ce permis allait à l’encontre de la loi. Aucune enquête approfondie sur l'impact environnemental n’avait été menée. Le permis avait été révoqué, dans l'attente d'une enquête en bonne et due forme. Mais cela pouvait prendre des années avant que cette enquête n’ait lieu.

Le propriétaire du pipeline, Energy Transfer Partners, fait appel de la décision. Le CEO de l’entreprise, Kelly Warren, est un partisan de la première heure de Donald Trump.

Pour les Sioux de Standing Rock, cette décision restera gravée dans l’histoire. « Ce pipeline n'aurait jamais dû être construit, nous l'avons dit dès le début », a déclaré Mike Faith, l'un des chefs de la tribu.

Lisez ci-dessous l'article publié en octobre 2016 par Solidaire, à propos du combat mené par les Sioux

C’était une lutte pour éviter de se faire empoisonner, c’est devenu un combat qui attire et rassemble ceux qui refusent de voir leurs terres, leur vie, la nature et notre futur pillés pour le profit des multinationales.

Ces derniers mois, la réserve de Cannon Ball dans le Dakota du Nord, qui compte 8000 habitants de la tribu sioux de Standing Rock, est le théâtre d’un combat qui oppose d’une part l’entreprise Dakota Access et son projet de construire un énorme oléoduc et, de l’autre, les tribus natives. 

Le projet, au coût estimé à 3,7 milliards de dollars, compte beaucoup pour les géants du pétrole. Hugh MacMillan, chercheur pour l’association Food & Water Watch, a montré que des dizaines d’institutions financières sont associées au projet, avec des noms comme Goldman Sachs, UBS, JP Morgan, ou encore BNP Paribas. Dans une interview au média alternatif Democracy Now, il explique que des projets d’oléoducs de ce genre voient le jour pour minimiser les coûts du transport du pétrole, afin de « maximiser la production de pétrole et de gaz, alors que la science nous indique clairement que nous devons en garder un maximum dans le sol ». 

Selon des associations environnementales, la capacité de transport de l’oléoduc permettrait l’utilisation d’une quantité de pétrole dont le traitement et les finalités causeraient jusqu’à environ 100 millions de tonnes de CO2 par an, soit l’équivalent de 29,5 usines à charbon. Mais si le profit est à la clé… 

L’eau, c’est la vie

Les Sioux, dont la réserve est située juste à côté de l’endroit où l’oléoduc doit traverser le fleuve Missouri, craignent que des fuites ne viennent polluer leurs réserves d’eau. Ainsi, en 2010, un oléoduc de l’entreprise Enbridge Energy avait fuité plus de 4000 m³ de pétrole dans une rivière du Michigan, empoisonnant l’eau et les terres et causant des dommages qui mettent des années à être réparés.

Les Sioux de Standing Rock mènent le combat à la fois sur le plan légal et sur le terrain, avec des manifestations et des occupations du chantier, souvent violemment réprimées par la police et l’entreprise de sécurité privée qui surveille le chantier. Mi-septembre, une cour d’appel fédérale imposait l’arrêt temporaire de la construction sur la partie contestée par la tribu sioux. 

Vers une convergence

Le combat des Sioux de Standing Rock a depuis rallié une grande partie de la gauche. Bernie Sanders a adressé un message au président Obama lui demandant de respecter les revendications légitimes des Sioux. Des activistes de divers mouvements ont rendu des visites de solidarité et lancé des appels à soutenir le combat contre le pipeline. Des activistes du mouvement antiraciste et contre les violences policières Black Lives Matter sont allés sur place et ont organisé des manifestations dans plusieurs villes, alors que de nouveaux meurtres de Noirs par la police ont déclenché une nouvelle vague de protestation.

Dans une Amérique en plein réveil de mobilisations sociales, une telle lutte, au-delà des spécificités, rassemble et touche tous ceux qui refusent que le profit d’une minorité passe avant les besoins de la population et de la nature.